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Qualities of the Diplomatist
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'Il est important aux Princes & aux Etats Souverains de choisir des sujets agreables aux pays où ils les envoyent, il faut pour cela avoir égard à la différence des gouvernemens & des inclinations qui regnent dans chaque pays & sur tout à la Religion qui y domine.'[1]

'Les gens de grand qualité sont propres aux Ambassades, parce que leurs noms imposent & les font respecter; mais quelque respect qu'on ait pour leur rang & pour leur naissance, ils ont encore besoin d'un bon entendement, de savoir & d'experience pour bien conduire une negociation importante, & ils sont sujets à se tromper, lorsqu'ils croyent comme font plusieurs de cette espece qu'on ne doit rien refuser à leur qualité.'[2]

'Un jeune Negociateur est d'ordinaire présomptueux, vain, leger, & indiscret, & il y a du risque à le charger d'une affaire de consequence, à moins que ce ne soit un sujet d'un merite singulier & dont l'heureux naturel ait prévenu les dons de l'âge et de l'experience.

'Un vieillard est chagrin, difficultueux, trouvant à redire à tout, blamant les plaisirs qu'il ne peut plus prendre, peu propre à s'insinuer dans les bonnes graces d'un Prince & de ses Ministres, & hors d'état d'agir par la lenteur & les incommoditez attachées à la vieillesse.

'L'âge mediocre est le plus propre aux negociations, parce qu'on y trouve experience, la discretion & la moderation qui manquent aux jeunes gens, & la vigueur, l'activité & l'agrément, qui abandonnent les vieillards.'[3]

'Un homme de lettres est beaucoup plus propre qu'un homme sans étude a faire un bon Negociateur; il sait parler & répondre juste sur tout ce qu'on lui dit; il parle avec connoissance des droits des Souverains, il explique ceux de son Prince, il les appuye par des faits & par des exemples qu'il sait citer bien à propos, pendant qu'un ignorant ne sait alleguer pour toute raison que la volonté ou la puissance de son Maître & les ordres qu'il en a reçûs, qui ne font pas de loi auprès des Princes & des Etats libres & independans, lesquels cedent souvent aux remonstrances judicieuses d'un homme savant & éloquent.

  1. p. 223.
  2. pp. 227–8.
  3. pp. 229–30. Cf. Le Parfait Ambassadeur, pp. 331–4.