Page:Pelléas and Melisande.djvu/24

From Wikisource
Jump to navigation Jump to search
This page does not need to be proofread.
22
PELLEAS AND MELISANDE.

SCENE III.

(Devant une grotte. Entrent Pellé- AS et MélisandeJ Pelléas (parlant avec une grande agitation). Oui; c'est ici, nous y sommes. Il fait si noir que l'entrée de la grotte ne se distingue pas du reste de la nuit... Il n'y a pas d'étoiles de ce côté. Attendons que la lune ait déchiré ce grand nuage ; elle éclairera toute la grotte et alors nous pourrons y entrer sans danger. Il y a des endroits dan- gereux et le sentier est très étroit, entre deux lacs dont on n'a pas encore trouvé le fond. Je n'ai pas songé à emporter une torche ou une lanterne, mais je pense que la clarté du ciel nous suffira. — "ous n'avez jamais pénétré dans cette grotte? Ah! MÉLISANDE. Pellé.s. Qu'y a-t-il? MÉLISANDE. Il y a... Il y a... (Elle nwtitrc les trois pauvres.) Pelléas. Oui, oui ; je les ai vus aussi... MÉLISANDE. en !... Allons-nous-en !... Allons-nous- Non. IMÉLISANDE. Pelléas. Entrons-y... Il faut pouvoir décrire l'endroit où vous avez perdu la bague, s'il vous interroge... Elle est très grande et très belle. Elle est pleine de ténèbres bleues. Quand on y allume une petite lampe, on dirait que la voûte est couverte d'étoiles, comme le ciel. Donnez-moi la main, ne trem- blez pas, ne tremblez pas ainsi. Il n'y a pas de danger : nous nous arrêterons au moment que nous n'apercevrons plus la clarté de la mer... Est-ce le bruit de la grotte qui vous efifraie? Entendez-vous la mer derrière nous? — Elle ne semble pas heureuse cette nuit... Ah! voici la clarté! (La lune éclaire largement l'entrée et une partie des ténèbres de la grotte; et l'on aperçoit, à une certaine pro- fondeur, trois vieux pauvres à che- veu.r blancs, assis côte à côte, se soutenant l'un à l'autre, et endormis contre un quartier de roc.) Pelléas. Ce sont trois vieux pauvres qui se sont endormis... Pourquoi sont-ils venus dormir ici?... Il y aura une famine dans le pays. MÉLISANDE. Allons-nous-en !... Venez... Allons- nous-en !... Pelléas. Prenez garde, ne parlez pas si fort... Ne les éveillons pas... Ils dorment en- core profondement... Venez. ]IÉLISANDE. Laissez-moi ; je préfère marcher seule... . Pelléas. Nous reviendrons un autre jour... (Ils sortent.}