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the Conduct of Negotiations
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un parfait Ambassadeur en l'obeissance. Ie vous diray toutefois, que l'instruction d'un Ambassadeur est comme une carte de navigation, par laquelle il doit regir & conduire tous ses mouvemens.'[1]

'Que l'usage du chiffre est fort necessaire a l'Ambassadeur: Le plus seur chemin pour donner des advis, c'est le chiffre, principalement quand l'on a des choses d'importance à escrire, tant pour la qualité de l'affaire que pour le secret deu à celuy qui donne l'advis, parce qu'on doit tousiours presumer le pire de ce qui peut arriver: Et pour fidelle que soit un courrier, il peut estre devalisé, ses lettres ouvertes, & les affaires decouvertes, si l'usage du chiffre n'en divertit la connoissance. C'est l'unique moyen pour eviter ces dangers-là, & la pratique en est fort ancienne aux lettres des Roys & des Ministres d'Estat. On tient que les Egyptiens en sont les inventeurs, parce qu'ils expliquoient leurs conceptions avec diverses figures & caracteres. Mecenas estoit fort habile en cette science; Iule Cesar, Caius Opius, Baldus & Cornelius en userent en tous leurs depesches pour les garentir de tous inconvenients: Et depuis ce temps-là, usage en a continué iusques à cet heure, si bien que cette science est arrivee au plus haut degré de sa perfection, tant en la partie active, comme en la passive; puisque l'esprit humain ne scauroit dechiffrer de si difficiles figures, que le mesme esprit n'en invente encore de plus obscures, en faisant que les nombres soyent des lettres, & les lettres des dictions: que les noms propres soyent des affaires particulieres; les animez d'une signification, & les inanimez d'une autre. Outre cela, les Ambassadeurs ont des clefs, desquels si l'on ne connoit les gardes, il est impossible d'entrer dans leurs secrets. Ils usent encore de certains patrons qui decouvrent à ceux qui les connoissent tout ce qui est d'important, & cachent ce qui est superflu; si bien que celuy qui regardera une lettre, autrement que par cette ialousie, il la treuvera toute pleine d’enigme & de confusion, & si elle est formee par un bon esprit, il sera fort difficile qu'un autre y puisse rien connoistre.'[2]

  1. Ibid., p. 447. See, further, pp. 447–56.
  2. Ibid., pp. 467–9. 'Accidents advenus faute de se servir des chiffres', pp- 469–70; and pp. 472–3 on instructions in cipher.